2 février 2016 Arnaud Tropiquantes

Grace aux cactus nous voila sauvés des ondes éléctromagnétiques

Le cactus absorberait les ondes électromagnétiques.

Charlotte Courchay, fondatrice de l’entreprise Biowork, qui s’emploie à améliorer la qualité de l’air et de l’environnement dans les bureaux par les plantes: « si votre bureau est infesté d’ordinateurs, sachez que le cactus se régale de leurs ondes. »

Dans la plupart des open-spaces, des dizaines d’ordinateurs sont allumés en permanence. Sommes nous effectivement dans un micro-ondes géant ? Et pour sauver nos neurones, pourquoi les open spaces ne ressemblent ils pas au désert mexicain de Sonora ?

Découverte captivante ou arnaque botanique ?

Charlotte Courchay rapporte « Les plantes absorbent une partie des composés néfastes contenus dans l’air ambiant. De sérieuses études ont été menées sur le sujet par la NASA et Phyt’air. »

En effet, dans les années 80, le scientifique William Wolverton, alors employé de la NASA, lance un vaste programme de recherches sur les vertus des plantes : une quinzaine de variétés sont soumises à un cocktail polluant dans un bunker appelé « Biohome ».

Ces résultats, qui démontrent qu’il y a une diminution de certains polluants gazeux (formaldéhyde, benzène, toluène…) grâce aux plantes, titillent la curiosité d’autres chercheurs. Mais Wolverton n’a jamais parlé de cactus. Pas plus que le programme français Phyt’air, auquel se réfère l’entreprise Biowork.

Dépolluer par les plantes, « vaste supercherie »

Entre 2007 et 2011, plusieurs laboratoires, dont l’Institut national de la recherche agronomique de Nancy, s’associent pour fonder Phyt’air. Ensemble, ils étudient la phytoremédiation, c’est-à-dire « la dépollution par les plantes ».

« Comme on s’en doutait, les plantes ne peuvent pas épurer l’air d’une pièce. Maintenant, on en a la preuve », assure Jean-Pierre Garrec, ancien chercheur spécialiste de physiologie végétale au laboratoire Pollution atmosphérique de l’INRA de Nancy: « La dépollution par les plantes a été une grande mode il y a quelques années. Beaucoup d’entreprises ont surfé sur la vague, mais c’est une vaste arnaque commerciale. Et aucune étude n’a prouvé non plus que le cactus absorbait les ondes électromagnétiques. De nombreux livres en parlent mais je ne sais pas d’où sort cette histoire. »

Pourtant, la légende du cactus mangeur d’ondes circule sur Internet. Une myriade de forums et blogs sur le jardinage vantent les vertus d’un cactus bien particulier, le cereus peruvianus, dit « cierge du Pérou » .

Cette légende végétale proviendrait d’une éminente et obscure étude menée par Blanche Mertz, chercheuse dans un laboratoire à Lausanne.

Le président du Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) et expert européen en rayonnement non-ionisant, Pierre Le Ruz, n’y prête aucun crédit : « Nous avons fait des tests dans le cadre de mesures physiques, en plaçant des cactus près d’un ordinateur. On obtient les mêmes valeurs d’ondes électromagnétiques, l’exposition est identique. Aucune étude sérieuse ne prouve ce phénomène. »

Daniel Depris, spécialiste européens des pollutions électromagnétiques et président de l’association Aurore (Association pour l’utilisation rationnelle des ondes radio-électriques), a passé de longs mois à vérifier l’efficacité de ces appareils. Voici la conclusion: « Il n’existe aucun neutralisateur capable de lutter efficacement et effectivement contre les nuisances électromagnétiques. Tout appareil vendu comme tel relève de la supercherie, de la publicité mensongère et de l’escroquerie commerciale ». Si on met un cactus devant un écran, la seule chose qu’il filtrera, c’est la lumière.

L’avis de TROPIQUANTES « Certains ont des vertus thérapeutiques, d’autres hallucinogènes, d’autres encore sont comestibles, on s’en sert comme fourrage pour les animaux, on utilise leur bois pour créer des éléments de la vie ordinaires (clôtures, ustensiles de cuisine, portes …), mais en ce qui nous concerne, nous citadins de pays tempérés, il faut bien admettre l’attrait principal est un décoratif, ou bien horticole et c’est déjà bien enrichissant’.